vie de couple et infidélité: est-ce compatible?

C’est vraiment un idéal consolidé dans les traditions bourgeoises qui entend construire une image paisible de bonheur partagé, la conception d’une union qui ne peut se terminer qu’avec la mort en approfondissant la connaissance de l’autre au quotidien. Ce modèle qui est celui de l’élan fusionnel avec plein de générosité et d’abandon vis-à-vis de l’autre lors des premiers temps du mariage permet certes d’envisager des moments de douceur. La vie de couple n’étant pas linéaire, une autre phase va obliger chacun des partenaires à enlever à un moment donné ses masques pour se révéler en pleine lumière face à l’autre et être dans un rapport de forces, de pouvoir, qui peut créer l’explosion et la désillusion. Parfois ce sont peut-être au contraire les ombres qui apparaissent au lieu de la lumière choyée, ce qui montre au jour peut être aussi la blessure des faiblesses. C’est là que la tentation d’un amour extérieur peut apparaître, mais devient aussi coupable en regard de l’idéal partagé. Le couple se pose-t-il alors comme synonyme d’exclusivité sexuelle ? L’amour est-il monogame ? La fidélité est-elle une vertu ou seulement le besoin de sécurité, une revendication de propriété ou encore une facilité ? Peut-on mener plusieurs relations à la fois s’enrichissant l’une l’autre, peut-on y trouver un équilibre ou au contraire éprouver un déséquilibre, une rivalité, un épanouissement dans l’une au détriment de l’autre ? Tout engagement ést-il synonyme d’aliénation personnelle ? L’amour s’accommode-t-il du partage ? La jalousie est-elle un sentiment à dépasser ?

Lorsque l’on vit en couple, on accepte de mettre en commun un certain nombre de choses qui doivent constituer le partage et l’enrichissement mutuel. Au début d’une vie de couple, ce partage est extrêmement motivant et source de promesses pour l’avenir. Il encourage la personne à s’impliquer et à rester dans une configuration où les deux ont chacun leur place. Seulement à un moment donné cet « en-dedans » ou clôture à deux ne suffit plus ou devient source de mal-être et la personne ressent le besoin ou l’envie de connaître  un « en-dehors », de sortir du cadre de la vie conjugale, et elle peut être attirée vers du nouveau.  Elle vit le souhait de sortir d’un état d’étouffement, une sortie qui n’est pas forcément séparation vis-à-vis du conjoint mais possibilité de laisser éclore un désir par trop verrouillé, et cela se traduira la plupart du temps par la recherche du plaisir et notamment de relations sexuelles avec un autre partenaire. La vie conjugale, contrairement à l’aventure amoureuse dans sa phase passionnelle, connaît des hauts et des bas. Le couple durable commence le plus souvent dans l’amour passionnel puis  l’amour conjugal alterne des sommets et des creux, avec parfois des plateaux d’entente. Réussir à aimer, c’est vivre  à la fois la liberté et le fusionnel, l’autonomie et l’interdépendance dans une volonté partagée de vie commune.

Cependant, dans ce contexte conjugal, l’amour ne peut croître, se développer que dans la liberté, un amour qui a partie liée avec le désir. Et le désir ne peut s’exprimer que dans un espace. Est-il possible de dépasser ses pulsions d’accaparement jusqu’à un enfermement qui peut prendre beaucoup de formes, jusqu’à même paraître invisible dans la vie conjugale ? Quelle dépendance se cache derrière les apparences de liberté et d’autonomie ? L’infidélité pourrait-elle être cette soupape d’une conscience qui s’éveille et qui échappe au destin tout tracé des contraintes ? Est-elle une faiblesse, une trahison ou un courage, une audace, une affirmation de soi ?

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