La réconciliation, le pardon dans le couple

La réconciliation, le pardon dans le couple

La démarche de réconciliation peut être pour eux l’occasion de discuter ouvertement d’un événement marquant de leur vie et rapprocher ainsi les deux partenaires. C’est l’occasion d’exprimer et de redécouvrir qui on est et comment partager en toute confiance ses sentiments, qu’ils soient négatifs ou positifs, les besoins, frustrations, déceptions. Le couple redécouvre une envie et une aspiration pour construire une relation intime. Le couple s’adressant à un thérapeute pourra entamer un travail s’appuyant sur la volonté des deux de reconstruire. Mais cette reconstruction ne peut se faire que si les deux acceptent de quitter leur problématique personnelle et un système conjugal qui a été néfaste.

La démarche s’appuie sur un changement d’attitude – « on ne voit bien qu’avec le cœur »[1]:

–          changer son regard sur l’autre, dépolluer son regard qui juge et compare, voire accable,

–          adopter un regard qui relève, aime,

–          s’émerveiller sur des choses simples,

–          sourire et mettre de l’humour,

–          faire la vérité sur ce que nous sommes,

–          gagner en liberté intérieure, accepter d’avancer et de changer ou évoluer,

–          renoncer aux illusions de toute-puissance, faire confiance.

 

La réconciliation peut préparer le couple à vivre le pardon et elle en est aussi le résultat accompli : pardon veut dire aller « au-delà du don », en identifiant ce qui a blessé et en le reconnaissant. Il exprime et témoigne de la volonté d’aimer. C’est faire la paix, c’est se donner la paix et reconstruire autrement. Le but est toujours le même : regagner la sérénité, et pour y arriver on adapte ensemble la trajectoire. Cela se passera concrètement à un moment prévu ou non, par des mots échangés choisis par les conjoints. C’est une étape essentielle pour que le couple continue sa route.

Se libérer de son traumatisme, pardonner

Pardonner ce n’est pas oublier, ni excuser l’autre, ni nier ses émotions et ses sentiments. Il ne faut pas non plus confondre pardonner et cautionner. En effet accueillir la vérité du remords de son partenaire infidèle, c’est accepter son repentir tout en disant que l’on n’approuve pas son infidélité. C’est le moment de dissiper les derniers secrets faisant obstacle à l’intimité qui doit être fondée sur la confiance et la sincérité. Pardonner n’oblige pas à la réconciliation mais permet l’apaisement en se libérant du désir de vengeance et du ressentiment.

Mener à bien le travail douloureux de réconciliation et retourner à une vie de couple confiante, épanouie, suppose un degré d’ouverture et de communication jusque-là inimaginable pour les partenaires. La culpabilité n’a plus de raison d’être. L’époux trompé lui aussi éprouve quelques remords. Le pardon en cas de divorce c’est ce sentiment d’achèvement qu’il autorise. Certains couples sont certes incapables dans la rupture de vivre un climat de réciprocité et ne pourront l’instaurer que deux ou trois ans plus tard.

Le pardon bien compris consiste pour les deux partenaires à reconnaître leur part de responsabilité dans la déchirure du couple. Tant que le partenaire trompé garde une rancœur contre le partenaire infidèle, et tant que celui-ci ne se pardonne pas à lui-même, l’atmosphère reste souterrainement empoisonnée. Selon les croyances des uns et des autres, la fidélité prend une couleur morale différente, du péché à la faute jusqu’à l’erreur, à l’incident de parcours ou l’expérience. Pour ceux qui sont croyants, et notamment catholiques, cela passera par le sacrement de réconciliation qui restaurera la personne pour elle-même aux yeux de Dieu et à ceux du conjoint. Dans tous les cas l’infidélité a été vécue comme difficile et nuisible à la pérennité du couple, ce qui demande donc une réparation pour une restauration. Le pardon ne permet pas d’oublier ni d’effacer, mais de tourner une page et de voir l’avenir au lieu de rester collé au passé. En effet cette infidélité qui a été cause de perturbations et de souffrances pour celui qui subissait, a pu être une cause de joie ou de perturbations pour celui qui agissait. Dans les meilleur des cas, l’infidélité a permis au couple de se souder davantage et de prendre conscience de ses manques, de s’engager dans une voie plus solide. Elle a pu aussi révéler les insuffisances graves et le besoin de se séparer. À certains elle va apparaître comme le début d’une autre logique du couple, malgré les déséquilibres qu’elle engendre. C’est le temps de la résilience, la renaissance du couple.

La réconciliation n’est pas forcément possible si le couple ne veut pas prendre le temps et n’a pas le courage d’affronter le contentieux et son poids. La menace d’une séparation ou d’un divorce peut être brandie par celui qui est blessé. Cette solution doit être envisageable, mais au bon moment, en prenant même le temps de mesurer ce qui s’est passé. Cette démarche est importante avant de décider de l’avenir, et peut donner une chance au couple. Les femmes sont davantage d’accord pour entreprendre des démarches auprès d’un thérapeute. Néanmoins aujourd’hui, de plus en plus d’hommes appellent dans les cabinets car ils ont peur de perdre l’autre. Cette démarche éclairée est très importante pour sortir des structures de l’excès de la passion blessée et permettre de reconstruire plus sainement. Il n’est pas rare que les relations sexuelles reprennent rapidement dans le couple conjugal lorsque les personnes s’aiment encore et se trouvent dans une situation conflictuelle. L’intensité de la rencontre nourrit, l’homme semble avoir besoin de reprendre possession du corps de sa femme en reprenant l’objet sexuel d’un autre. Mais parfois cela peut être difficile pour la femme lorsqu’elle va manquer la tendresse. Cet échange prélude à un rapprochement et non pas une réconciliation et peut être trompeur sur l’état de complicité du couple.

 


[1] Le Petit Prince  Antoine de Saint-Exupéry

 

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