la crise conjugale

L’essentiel de la crise conjugale est souvent un manque d’autonomie qui se définit comme[1] : la faculté d’agir par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite, sa propre loi.  L’autonomie est synonyme de liberté, elle se caractérise par la capacité à choisir de son propre chef sans se laisser dominer par certaines tendances naturelles ou collectives, ni se laisser dominer de façon servile par une autorité extérieure ; et  d’indépendance qui se définit comme[2] l’état d’une personne qui n’est tributaire de personne sur le plan matériel, moral, intellectuel. Caractère d’une personne qui ne se sent pas liée ou qui ne veut pas être soumis aux autres, à la discipline morale, aux habitudes sociales etc…. c’est souvent associé à une difficulté pour l’un ou pour l’autre d’être dans l’estime de soi et l’affirmation de soi face aux changements de la vie qui touchent aussi bien la vie affective, sexuelle, familiale, amicale, professionnelle que la santé.

L’infidélité dans la relation conjugale permet souvent d’être en fidélité par rapport à soi-même, c’est-à-dire de gagner en liberté intérieure en tant que femme ou homme. Face à cette tempête comment avancer encore vers soi-même et continuer de cheminer ensemble ?

Lorsque se forme une liaison extraconjugale, comme pour toute formation de couple elle passe par des étapes. La première étape est celle de l’attraction mutuelle, de la séduction et du désir. Chimiquement, comme l’explique Lucie Vincent, le désir et l’attirance se font « automatiquement ». L’excitation vécue donne envie de recommencer, de retrouver l’autre, comme au premier temps amoureux, comme une lune de miel. Cette intensité vient souvent tromper les amants, les mettre dans l’illusion que cette nouvelle relation va leur apporter cette satisfaction et répondre au manque, alors que dans la relation conjugale cela justement n’était plus vécu. Sachant qu’une relation perd au maximum au bout de trois ans de son intensité, il est illusoire de penser que cette relation puisse demeurer dans cette phase d’intensité dévastatrice. Aujourd’hui, on constate même une fin de la lune de miel, et donc un arrêt des nouvelles relations, entre 3 et 6 mois après la rencontre. Ainsi, après avoir connu la phase d’approche et de plaisir, arrive une phase de souffrance et de désillusion, puis apparaît une dernière phase plus calme d’acceptation de la situation avec l’installation ou la rupture de la relation extraconjugale. En effet, sortir de l’illusion de cette relation extraconjugale, c’est accepter ce que cette relation peut donner et ce qu’elle ne donnera pas, pas plus que la relation conjugale elle-même.

L’infidélité vient mettre en lumière qu’il est grand temps pour chacun dans le couple de réinvestir son énergie dans son couple ou de se concentrer sur lui-même. Une remise en cause des deux côtés doit être opérée. Ce sera l’occasion de faire un travail d’estime de soi et de mieux apprendre à se faire respecter. Il s’agit de se demander comment des actes ont pu préparer le terrain et il est important de ne pas prendre sur soi la responsabilité morale de la tromperie dont on a été victime. Aller vers l’autre c’est recréer une intimité qui est la capacité à partager en toute sécurité des émotions de toutes sortes, positives ou négatives. Les questions même dont on craint l’impact sur son partenaire sont souvent le point de départ d’échanges particulièrement fructueux.

La signification dégagée de l’infidélité se trouve dans l’interprétation qu’en donnent les époux qui en ont découvert les motifs et défini le sens de ces actes. C’est là que le temps joue en faveur du couple. Car l’infidélité peut être un signal d’alarme douloureux qui permet de réexaminer et de refonder le couple. Si tous les deux sont volontaires, et qu’ils ont la ferme intention de changer à la fois personnellement et le système conjugal, ils affirment une transformation irréversible de leur relation avec comme clé de voûte une meilleure communication. Parfois cela n’est pas possible et l’un des deux conjoints devra dans la solitude prendre sa décision de mettre fin à la vie conjugale.

Réparer la « maison couple »[1] et redéfinir les frontières c’est retrouver une complicité, un dialogue sincère. Le couple recommence à être un en affrontant un problème en commun : celui de sa reconstruction, auquel parfois s’adjoint la lutte contre le harcèlement de l’amant(e). Le problème n’est en effet pas pour autant dépassé, car le partenaire infidèle a aussi noué une attache avec une tierce personne, il faut du temps pour qu’elle soit rompue. Parfois la personne extérieure se sent  menacée et opte pour le harcèlement en révélant de nouveaux détails. Cela fait augmenter la honte, la culpabilité et l’angoisse. Celui qui a été infidèle se sent coupable d’avoir blessé à la fois sa(son) compagne(on) et la tierce personne, et il peut se sentir tiraillé pour réparer les torts qu’il a causés des deux côtés. Tant que la personne infidèle s’applique à faire le « nettoyage », son partenaire a souvent l’impression que c’est le chagrin de l’autre personne qui la préoccupe. Celui qui a rêvé de divorcer pour pouvoir se consacrer entièrement à sa maîtresse peut très bien, une fois confondu, se mettre à douter de la sagesse d’un tel projet et se retrouver lui-même dans la peur de perdre son époux(se).

Il est indispensable que les deux partenaires comprennent que s’ils restent ensemble, ils devront améliorer la qualité de leur communication. Et même ceux qui décident de mettre fin à la relation auront tout autant besoin d’une communication honnête pour aboutir à un accord raisonnable, surtout lorsqu’il y a des enfants, car le divorce ne mettra jamais fin aux contacts. Il est notable qu’un accompagnement par un professionnel peut les aider à cheminer.

Quitter l’idéal d’une vie de famille, d’une vie conjugale que l’on a souhaité construire, peut être très difficile. Une des raisons majeures pour lesquelles un certain nombre d’hommes ou de femmes ne souhaitent  pas rompre leur mariage, malgré la liaison extraconjugale, c’est la présence d’enfants au domicile.

Au niveau de la sexualité des questions se posent. Dans la relation extraconjugale l’un des deux membres du couple peut (re)découvrir sa féminité ou sa masculinité, et aussi (re)découvrir le monde des rapports entre les sexes, ce qui lui permet non seulement de se rassurer, mais aussi de se respecter et se connaître davantage, d’assumer sa responsabilité dans une relation à l’autre indispensable à la vie conjugale. S’il souhaite reprendre une vie conjugale, le couple aura à tirer les bénéfices de cette expérience et de cette découverte pour sa propre relation. La question de sa relation à la jouissance doit aussi être posée par chaque partenaire. La jouissance, la présence, le lâcher-prise et la paix se présentent comme la valorisation effective de la vie. A ce titre, le dégoût éprouvé à l’idée de faire l’amour avec son époux est le signe courant de la mort prochaine d’un mariage.

Toutes les méthodes, tous les outils pour l’accompagnement thérapeutique sont là pour améliorer la capacité à comprendre ce qui se passe en soi.  Penser à soi, se protéger, connaître ses limites et les poser est une démarche essentielle dans des temps de crise. La démarche a pour objectif de vivre une résilience, permettre de dépasser l’épreuve et envisager un réel changement en profondeur. Ainsi, avoir de l’empathie envers soi permet d’en avoir ensuite envers son partenaire. En effet une reconstruction ne pourra avoir lieu qu’avec la volonté et un effort venant des deux conjoints.


[1] Concept développé dans Nouveaux couples de Robert Neuberger


[1] Wikipédia

[2] Dictionnaire Larousse

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