la vie du couple: ses projets
C’est d’abord reparler de l’idéal de chacun qui a pu se confondre avec des rêves. C’est si facile de rêver une vie et si difficile de l’accepter dans sa réalité, de faire des choix qui seront différents des rêves mais peut-être plus équilibrants. L’idéal n’est pas un absolu mais donne un sens : une signification et une direction à la vie de chacun comme une lumière au bout du chemin. Les projets seront décidés en fonction de cet idéal afin d’être cohérent avec soi-même, même si tout n’est pas atteignable et que des aménagements seront faits.
Les projets sont le terreau du couple. « Aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre mais regarder dans la même direction », écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Ces projets sont à réadapter en permanence, ils sont nécessaires tout au long de la vie, et surtout à certains moments où on les abandonne : deuils, maladie, crises, perte de travail… événements qui arrivent sans crier gare et qui perturbent, isolent l’un des membres ou les deux du couple.
Les projets s’appuient en principe sur un idéal personnel ou conjugal. Il s’agit de trouver les moyens de suivre cet idéal qui est une direction. Les projets seront les moyens qui permettront de suivre la direction. Un couple qui, dès le départ, aura réfléchi à son idéal et à ses projets et en rediscute régulièrement, aura des bases pour dépasser une crise. C’est une réflexion essentielle qui guidera le couple tout au long de sa vie et lui permettra de revenir à la source, de se réajuster. Plus le projet est construit, plus le couple sera fort pour s’ouvrir à l’extérieur et se soutenir dans son intimité.
Les grands projets
Le plus grand projet est celui de la vie commune, avec un engagement quel qu’il soit, le second est celui de fonder une famille. Pour cela, il est important de mettre en commun l’éducation, ce qui est voulu en tant qu’homme et en tant que femme, ses projets personnels, ses besoins, ses souhaits, ses désirs. Ensuite, vient la vie professionnelle et ce qu’elle implique d’important dans la vie du couple.
Les petits projets
Les petits projets vont permettre de prendre soin de son couple pour durer : les voyages, les dîners en tête-à-tête, les surprises etc. L’achat d’une maison pour avoir un territoire commun prend un caractère particulier pour le couple qui a besoin d’un cocon. Choisir la vie professionnelle en fonction des choix du couple et de la famille sera parfois choisir aussi un lieu géographique qui sera plus ou moins éloigné des familles d’origine. Les loisirs, la scolarité des enfants, les engagements dans la société, vie sociale (sortir entre amis, sports, activités associatives…) ou politique, sont les autres domaines où les projets communs ou individuels peuvent être discutés et mis en œuvre. Des sujets sont incontournables : l’argent, la sexualité, la vie sociale, les familles d’origine, le travail, les enfants et l’éducation, les besoins, le pouvoir, les aspirations profondes, valeurs et croyances, les différences hommes/femmes, les places, rôles respectifs.
Ces projets à court, moyen ou long terme sont à rediscuter en permanence, car chacun évolue, au fil des rencontres, de son âge, de la croissance des enfants, de la situation de vie, de la retraite etc. Il s’agit de conjuguer les projets personnels pour voir comment chacun peut être respecté dans ses désirs tout en mettant en commun pour une vie de couple et une vie de famille harmonieuses. Le couple est en cheminement perpétuel. Il est bon de refaire un bilan annuel par rapport aux choix de base. C’est un discernement nécessaire pour décider du nouveau choix à faire.
Le projet est la vie du couple. Il fait aussi partie de sa fécondité et appelle à la fidélité de chacun. C’est un lieu de croissance pour chacun, où il peut aider l’autre à s’éveiller à lui-même et révéler ses talents. Ainsi, une relation adultère fait effondrer cet élan de vie qui était commun aux deux partenaires dans des réalisations concrètes, visibles, de l’unité d’un « nous ».
Dans tout ce dialogue et cette ouverture, les conjoints ne sont plus dans le besoin l’un de l’autre. Ils acceptent l’absence de l’autre, ils y survivent, mais en plus ils s’épanouissent au plus profond d’eux-mêmes, ce qui donne lieu à un profond émerveillement. Dépasser cette première partie fusionnelle dominante permet de s’engager dans une deuxième partie de vie qui demande un esprit de découverte, la volonté de partir dans une réelle aventure : la découverte de soi et de l’autre et bien peu de personnes aujourd’hui y sont préparées. C’est souvent avec l’accompagnement d’un thérapeute qu’ils pourront passer cette phase et peut-être aborder la troisième facette de la vie conjugale qui est celle du bonheur et du lien dans la durée. La résilience est donc possible, mais tous les couples ne la souhaitent pas ou n’y arrivent pas ; la séparation est alors la seule solution pour sortir de l’impasse d’un choix qui serait à faire entre soi, l’autre et le tiers.