l’ aveu de l’infidélité

l’ aveu de l’infidélité

L’aveu de cet « en dehors » amènera à une séparation : d’avec son conjoint, son amant(e) et surtout d’avec un projet de vie initial.

Lorsque l’infidélité est découverte, il y a traumatisme. Le mot traumatisme vient du grec, signifiant une blessure qui peut se définir comme « l’ensemble des perturbations résultant d’un violent choc émotionnel ». Toute émotion ou sentiment a deux composantes. La première est ce qu’on ressent au niveau des tripes : la colère, l’angoisse, l’humiliation, la honte, le dégoût. La seconde concerne les pensées accompagnant ses réactions, avec une imagination galopante qui peut aggraver l’état du conjoint trompé et son impression de ne rien maîtriser. La colère peut aussi être rattachée aux sentiments de honte et de culpabilité. Plusieurs attitudes possibles face à cette colère : rage destructrice qui éclate, mise en place d’une distance de sécurité pour se protéger, repli sur soi avec risque de décompensation psychologique ou psychiatrique, ou encore enclenchement d’un cercle vicieux : colère contre soi, contre l’autre devenant distants, chantage au suicide ou tentative.

Dans ce traumatisme la personne est perturbée sur trois points : le monde n’est plus bienveillant, le monde n’a plus de sens, la personne a perdu sa dignité. Chaque moment de la journée semble dominé par une obsédante épreuve de cette blessure qui souvent perturbe même le sommeil. En effet la personne ne peut plus compter sur la stabilité de son couple, et la confiance est brisée vis-à-vis du conjoint mais aussi de l’entourage. L’estime de soi est atteinte et l’avenir ne semble plus exister ni n’avoir d’intérêt. La vie à deux peut devenir une vraie douleur : comment cohabiter avec son ennemi ? Ainsi les manifestations somatiques et émotionnelles peuvent arriver : troubles du sommeil, irritabilité ou accès de colère, problèmes de concentration, méfiance excessive, tendance à sursauter facilement, nausées, perte de poids, crises de larmes d’hystérie, violence vers l’autre ou vers soi, dépression.

La découverte d’une infidélité conjugale ouvre une crise pour tous les intéressés. L’infidélité va fréquemment  raviver une blessure d’amour initiale, touchant souvent à l’abandon et à la peur de perdre, vécus avec l’un ou l’autre parent, quelquefois les deux. C’est  une occasion d’évolution mais cela dépendra de la manière dont est saisie ou non, favorablement ou défavorablement, l’opportunité de faire un travail sur soi. La personne déçue est alors en grande difficulté pour se raisonner et prendre du recul, puisque c’est comme une grande douche froide qui tombe. Comme toute crise, celle-ci comporte des dangers mais aussi un espoir. L’issue de la crise entraîne des changements pour toutes les personnes. Cela veut dire qu’il faut progresser dans le sens d’une vie de couple meilleure ou d’un divorce plus humain. Il s’agit d’une expérience de maturation et peut-être d’une espérance nouvelle.

Ainsi, lorsque l’on découvre l’infidélité il est important de ne pas être dans la précipitation. Une des premières conséquences de la nouvelle reçue en plein cœur serait de demander immédiatement une séparation. Mais il est important de prendre un peu de temps et de recul afin de s’interroger sur le sens de l’infidélité plutôt que de se concentrer uniquement sur la souffrance occasionnée à court terme.

La personne qui a découvert l’infidélité est en état de choc et se sent trahie. La personne trompée vit un traumatisme et doit adopter des mesures pour amorcer la reconstruction de son équilibre de sa vie. Les mensonges à répétition sont la blessure principale causée par l’infidélité, et ils ont installé une barrière qui paraît alors infranchissable. Une plus grande netteté dans la communication permet un soulagement considérable, surtout pour la personne trompée qui soupçonnait l’infidélité de son conjoint sans jamais arriver à en trouver les preuves ; une fois confirmée, la nouvelle lui confirme à elle-même « qu’elle n’est pas folle ». À partir de ce moment, la réaction normale à une expérience traumatisante sera la méfiance et, si elle peut revenir, la confiance ne pourra être restaurée qu’après beaucoup de temps.

». Le remords qui est une vive douleur morale causée par la conscience d’avoir mal agit[1], et le chagrin peuvent apparaître et font partie de culpabilité. La culpabilité est le Sentiment d’avoir commis une erreur, d’être fautif. Dans le contexte d’une mésentente ou d’une rupture consommée, la culpabilité est au centre de la crise, car tant qu’elle n’est pas énoncée la responsabilité des conflits n’est pas encore attribuée à l’un ou à l’autre des partenaires[2]. Travaillée dans le sens de reconnaitre les actes posés, la culpabilité est propice aux transformations profondes et durables.

Face à la douleur de son conjoint, la personne infidèle adapte son action défensive qui prend différentes formes. La première de ces formes est de continuer à nier ou d’essayer d’enrayer la colère. Certains cherchent une issue à l’infidélité. En général, l’intention de la personne infidèle n’a pas été au départ de blesser son partenaire et il peut ne pas savoir très bien pourquoi il l’a trompée.. La souffrance suscitée par l’infidélité touche aussi bien le partenaire trompé que l’infidèle lui-même. Il peut être envahi d’émotions intenses et douloureuses. L’infidèle est mis en difficulté entre quitter sa relation extraconjugale et la maintenir en envisageant l’impact ravageur des actes sur sa famille et son entourage. Il peut aussi avoir peur des représailles de sa maîtresse. Il peut s’écrouler sous la culpabilité, le remords et être dans l’impossibilité de mettre fin tout autant à sa relation extraconjugale qu’à son mariage, et même continuer à mentir. Beaucoup gardent de leur liaison extraconjugale une grande nostalgie, parce qu’elle a été vécue comme positive, ce qui peut les conduire à continuer, voire renouveler, l’expérience dans un désir d’exaltation et d’adoration comme dans un rêve, la reviviscence d’une illusion, alors que son couple a quitté cet état-là.

La liaison extraconjugale vient bousculer le programme, les projets que le couple avait formés lors de son engagement, voire depuis lors. Chacun en épousant l’autre accepte un programme d’échanges, une complétude possible des attentes, c’est l’adhésion à un idéal qui est de s’accomplir, de grandir avec l’autre et par l’autre. Mais c’est aussi souvent cette recherche à tout prix de complémentarité et de complétude qui finit par amener un étouffement.

une réflexion plus profonde pourra aussi permettre de trouver un autre sens à cette souffrance et de redécouvrir en même temps un attachement réciproque dans le couple. D’où l’importance de laisser le temps aux premières émotions de retomber et de pouvoir réfléchir avec un minimum de sérénité. Le couple aura cette question sous les yeux : mon couple a-t-il un avenir après la fin de la liaison extraconjugale ?

  Les réactions masculines et féminines à l’infidélité

Il semble que les hommes s’accommodent mieux que les femmes de la dissimulation. Plus une personne a reçu une éducation chrétienne ou musulmane, plus l’adultère vécu dans le secret devient trop lourd pour leur conscience. Il y a des cas où il sera utile de se taire, notamment quand la liaison fait partie du passé ou a été éphémère, afin de ne pas plonger le couple dans des tourments, des accès de colère ou de violence et de causer des blessures d’amour-propre destructrices qui ne sont pas d’actualité. Les femmes ont tendance à rechercher des relations dans lesquelles elles puissent être engagées affectivement et sexuellement alors que les hommes se contenteraient plus de relations sexuelles. Mais les « nouveaux hommes », plus féminins, et les « nouvelles femmes », plus viriles, vivent à l’inverse cette tendance, et on peut se demander alors s’il ne s’agit pas plutôt de comportements d’identité culturelle.

La femme semble mieux préparée que l’homme à l’infidélité de son conjoint. L’infidélité, la polygamie font partie depuis longtemps d’un habitus culturel masculin. La femme peut se sentir trahie, mais elle pensera que son mari est un homme comme les autres, et aura alors plus de facilité à pardonner, accepter l’adultère, se faire conciliante au nom des enfants, en fonction de sa situation matérielle, accepter que son mari revienne au domicile. L’homme soupçonne plus rarement l’infidélité de sa femme ; c’est un grand choc pour lui quand il le découvre. Il peut se sentir humilié, ridiculisé, il s’agit là davantage d’une compétition, d’une rivalité – on est venu « chasser  sur son territoire », sa femme, la propriété privée du mari depuis des siècles. L’autre a-t-il un sexe plus gros ou plus habile ? Il pense que la femme ne s’attachera pas affectivement et il aura tendance à considérer que c’est une aventure passagère, seulement sexuelle. Il ne croira pas à une relation platonique, car il reste convaincu qu’un homme ne recherche qu’à faire l’amour. Un mari trompé peut avoir des réactions très fortes de jalousie sexuelle qui causent des violences conjugales. Sa violence et sa fureur se retournent contre sa femme mais aussi surtout contre l’amant, parfois jusqu’au meurtre.


[1] Dictionnaire Larousse

[2] Lexique de sexologie, sexologie-fr.com

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