fidélité ou infidélité: nouveaux enjeux?
L’infidélité déclenche ou révèle un mal-être personnel et met un voile sur la vie conjugale. De nouvelles voies sont aujourd’hui expérimentées par les hommes et par les femmes pour vivre ces infidélités. On parle ainsi de nouvelles infidélités qui ne sont plus des adultères, mais l’expression d’un désir de vivre à l’extérieur de sa vie conjugale un plaisir, un désir non satisfait. Dans ces nouvelles infidélités, il y a aussi une vie professionnelle ou amicale extrêmement importantes, le sport, la vie sociale… L’infidélité peut même être aussi religieuse par une vie de prière beaucoup trop importante empêchant la création d’une intimité intellectuelle, affective émotionnelle et sexuelle avec l’autre. Les infidélités peuvent également concerner l’utilisation d’internet et tous les écrans en général qui viennent vraiment « faire écran » dans la communication conjugale et faire préférer la relation virtuelle à l’autre qui est à côté. On communique presque plus facilement avec celui qui est loin à l’autre bout du monde plutôt qu’avec celui avec qui l’on s’est engagé dans une vie commune. Aussi la probabilité d’adultère est-elle aujourd’hui de plus en plus forte, notamment grâce aux nombreux sites de rencontres ou de loisirs qui se trouvent sur Internet. Sur ces sites on utilise des pseudonymes, des avatars qui permettent pendant un certain temps de se cacher et d’entretenir une relation, en s’impliquant en partie, et en le cachant à son conjoint. D’autres « infidélités » existent : un alcool avec lequel on partage plus de temps dans la journée qu’avec l’autre, ou encore l’usage de drogues dites douces qui altèrent dans le temps la rencontre au niveau affectif et sexuel.
Aujourd’hui la perspective proposée est donc d’aller au-delà de la conception romantique de l’amour, ce qui suppose de revoir nos jugements, de laisser à chacun la possibilité de trouver sa voie évolutive et de donner naissance à de nouveaux modèles de comportements sociaux affectifs. Une autre définition du couple, de l’amour se cherche et elle entend contribuer au dépassement de la guerre des sexes et faciliter le passage à un épanouissement des relations amoureuses. Un couple heureux et vivant n’est pas un couple qui s’enferme : il découvre que derrière son aventure se trouve aussi sa liberté et qu’il a besoin de l’incarner, non pas forcément avec une autre femme ou un autre homme, mais avec un projet bien à lui qui lui permette d’être dans le désir et dans l’accomplissement personnel.
Il demeure bien sûr aujourd’hui comme hier des options différentes. Il y a aussi des couples qui considèrent que vaille que vaille chacun doit se discipliner pour rester fidèle et exclusif avec un partenaire unique, et des couples qui considèrent que leur objectif est d’ouvrir leur couple sans porter atteinte à leur engagement. Il y aurait une nouvelle passerelle entre ces deux logiques à mettre en place. La cohabitation est repensée. Elle vise à permettre de respecter l’individualité de chacun, tout en favorisant les espaces de rencontres et de partage. Le couple d’hier a été fondé sur une logique d’exclusion du tiers et le couple d’aujourd’hui cherche à l’inclure. S’engager l’un avec l’autre, aimer sa propre liberté et celle de l’autre, tels sont les nouveaux enjeux de ce couple qui conjugue la vie ensemble, en tant qu’amis aimant, amants et parents pour certains.
Au-delà du sentiment de l’amour, ce qui est compliqué aujourd’hui, c’est qu’on veut à la fois la fusion et l’individuation, l’accomplissement du couple et celui de la personne, maintenir un couple exclusif sans supporter de frustration dans ce désir et en réclamant l’égalité des sexes. Cela donne lieu à des contradictions ou des ambiguïtés internes et externes. L’idéal du couple reste cependant très fort, très prégnant et peut jeter un voile sur la réalité des projets personnels et conjugaux. L’infidélité permet de se séparer de l’illusion d’un projet commun comme s’il s’agissait d’une mystification, sans remise en cause personnelle. Elle permet aussi de prendre de la distance par rapport aux exigences de l’amour fusionnel romantique où se produit une emprise de l’un sur l’autre physiquement et affectivement.
Bienheureuse infidélité pour le couple obligé d’évoluer et qui, pour continuer, est conduit à ressortir plus fort et plus soudé de cette épreuve. Ce traumatisme, il devra lui donner du sens, un sens qui est souvent un chemin de liberté et de paix intérieure qui pourra être mis au profit de son couple originel ou du nouveau couple dans lequel la personne s’est engagée à travers l’infidélité. A la suite d’échecs, la fidélité à soi-même prend pour certains tout son sens dans la devise : « plutôt seul(e) que mal accompagné(e) ». Ils ne voudront plus partager de vie commune à l’avenir.
Il n’y a pas de modèle unique, mais bien des choix possibles. Nous avons tous l’occasion d’expérimenter plusieurs formes de fidélité et d’infidélités. La réciprocité des sentiments est devenue essentielle et s’est développée en relation avec l’amour-propre, l’estime de soi. L’ordre social moral ou religieux a renforcé le mariage et le piège de la fidélité tend aujourd’hui à se refermer sur l’homme. La fidélité amoureuse est associée encore à la fidélité patriarcale, l’une et l’autre se renforçant mutuellement. En contrepoint, la fidélité devient élective et non plus seulement contractuelle. Dans le couple, ils sont deux à avoir besoin de démythifier l’amour romantique.
Le mot polyfidélité apparaît comme un changement de paradigme. Il permet de desserrer le nœud de culpabilisation et de faire la place à des formes plus ouvertes dans les relations. Il n’y a plus d’adultère quand tous les partenaires sont consentants, et ainsi il peut y avoir polysensualité, polyamour, polysexualité.
Nous avons la nécessité de réinventer le couple pour n’exclure aucun terme. La fidélité à soi-même procure un sentiment de liberté intérieure. Infidélité pourrait s’écrire « unfidélité », en tant qu’elle est fidélité à l’unité. Le retour à la question « qui suis-je ? », appelle particulièrement en cette circonstance à devoir répondre. L’infidélité conjugale est un évènement révélant une blessure ou une limite. La séparation du couple sera parfois nécessaire et la nouvelle relation une bouée de sauvetage, parfois une gageure, avec des regrets qui peuvent naître. Il est bien délicat de dresser un tableau précis de l’infidélité, car chaque histoire est unique. La séparation à effectuer est souvent interne et très personnelle, et elle rejaillit alors sur le couple. L’entité conjugale résistera ou pas à ce traumatisme.
L’infidélité et la fidélité restent des questions sensibles car elles touchent à la passion tant dans son sens « amoureuse » que « souffrante ». Au-delà de l’aspect moral et du contexte culturel qui influencent beaucoup, je ne peux que constater que si l’infidélité fait partie depuis des siècles de l’histoire relationnelle du couple, homme et femme recherchent un bien être, un bonheur affectif qui s’ancrent dans la durée, la confiance et l’exclusivité sexuelle. S’unir à l’autre c’est exister comme un être unique, se donner et recevoir dans un échange réciproque, la fidélité reste un pilier essentiel de ce partage. Les jeunes que je rencontre en éducation affective et sexuelle gardent ce rêve en eux, ce sera un défi pour eux de le vivre dans les années à venir au temps de la mondialisation virtuelle de l’amour.
Je trouve la conclusion très intéressante.
Les jeunes ont en effet un idéal amoureux lorsqu’ils décident de s’engager en couple.
Mais cet idéal est souvent mis à rudes épreuves au cours du temps. Et ce surtout dans une société où les échanges s’accélèrent et ou la sexualité (en général ou en particulier pour le sujet de cet article) devient une marchandise comme les autres.
Bonjour,
merci de votre passage sur mon site et de votre commentaire.Les repères en effet changent, enfin veut-on nous faire croire, car les désirs profonds restent les mêmes chez les jeunes pour leur avenir, cela ne change pas. Ils ont besoin d’une information plus claire et appronfondie.
Mais trop de libertés sexuelles ne sont-elles pas dangereuses pour une société dite civilisée? Nos enfants de l’an 2000 ne vont-ils pas manquer de repères pour évoluer sainement, si leurs parents ne font pas d’effort d’engagements solennel et vont à la facilité des rencontres fortuites? Le sexe n’est pas une marchandises et il mérite peut-être d’être un peu plus reconnu comme une valeur fondamental de la famille.
Sans respect mutuel, qu’il soit sexuel ou autre le couple n’est que décorum et n’a plus sa fonction de cadre pour l’enfant! Les enfants vivent dans plusieurs cadres à la fois et sont parfois perdu par rapport à eux.
Avoir des fantasmes et les réaliser sont deux choses bien distincts…
Aujourd’hui on parle de société dite moderne où chacun vie sa sexualité sans se soucier de ce que l’autre peu ressentir, ou bien après l’acte réalisé…se frustrer n’est pas une solution, mais tomber dans l’excès non plus!
Les tabous par rapport à la sexualité sont encore présents mais bien moins qu’a mon époque, les enfants d’aujourd’hui sont à 14 ans ce qu’on était à 16 et 17 ans à mon époque, est-ce normal? Comment réagir par rapport à leur avancé psychologique face à la sexualité qui parfois tombe dans la grossièreté et des connaissances théoriques peu banales, les sites internet permettant ce genre d’apprentissages qui peuvent donner une image tronquée du réel amour sexuel?
Merci de votre réponse.
Sophie M
Madame,
La sexualité est en effet aujourd’hui abordée par les enfants dès le plus jeune âge à travers les images érotiques voire pornographiques et ils en sont très perturbés, ne sachant qu’en faire puisqu’ils ne sont pas du, tout dans ces pulsions là. La présence d’adultes auprès d’eux pour en parler est importante afin d’éviter toute culpabilité et peur. Ces enfants ne font pas forcément exprès de voir ces images, elles sont partout via internet présent partout autour d’eux voire sur leur téléphone portable. Il en est de même pour les adolescents qui pensent, comme beaucoup d’adultes, que ce qui est montré doit être une norme. Cela soit les traumatise ou les dégoûte, soit les pousse à poser des gestes qu’ils ne souhaitent pas, soit induit des pensées et croyances fausses sur ce qu’est la relation sexuelle et surtout l’amour et la sexualité entre 2 personnes. Le seul moyen de prévenir cela est non pas de condamner mais d’accompagner et d’ouvrir toujours la porte aux questionnements. Replacer la relation sexuelle comme un don intime que l’on donne en confiance, librement à celui ou celle que l’on aime et avec qui on pourrait envisager un avenir commun est déjà bon à entendre pour un jeune, car c’est ce qu’il souhaite au fond de lui. Rassurer, et surtout encourager à prendre le temps de grandir. Certains comportements ne sont pas adaptés à leurs âges, on ne vit pas en couple ni à 8 ans ni à 16 ans. D’abord il s’agit de se construire en tant qu’homme et femme avant de vouloir s’impliquer dans une vie de couple. Cet amour conjugal est aujourd’hui si diffcile à construire et maintenir. Il s’ancrera dans l’amour de soi et une autonomie affective acquise, cela demande du temps. Quelque soit la structure familiale le rôle parental demeure et peut se réaliser, les parents sont invités à parler de la sexualité à leur efnant dès le plus jeune âge et tout au oong de sa croissance en fonction de son âge et de sa mâturité affective et sexuelle. D’autres adultes comme les grands parents peuvent aussi être des référents à l’écoute. La vie familiale a changé, perturbé des acquis, des normes et semblerait déstabiliser les enfants dans ce que vous présentez. Certes ils souffrent toujours d’une séparation, il est cependant bon de leur faire confiance sur leur capacité de rebondir, vivre une résilience parfois et construire leur vie dans l’amour d’un père et d’une mère présents pour eux.